Khalti Fatima, femme marocaine âgée de 107 ans, attendant l'appel à la prière assise devant sa maison traditionnelle.

Khalti Fatima, ma voisine de 107 ans : une leçon de foi et douceur au Maroc

La douceur de Khalti Fatima

Khalti Fatima, je l’appelle ainsi par respect, pudeur et affection, conformément à la belle tradition marocaine de rattacher ce doux surnom à l’amour maternel.

Assise paisiblement sur le seuil de sa porte cinq fois par jour, elle n’attend ni les passants ni les agitations de la ruelle, mais patiente plutôt dans l’attente précieuse de l’appel à la prière. À chaque fois que je passe devant elle, lorsqu’elle doute d’être arrivée trop tard, elle me demande avec tendresse :
« Salam alaykoum wildi, Woudhene Al-adhan ? » (Paix sur toi mon fils, l’appel à la prière a-t-il déjà eu lieu ?)

Khalti Fatima, Femme Âgée Marocaine De 107 Ans, Assise À L'Entrée De Sa Maison Attendant L'Appel À La Prière.

Khalti Fatima, fidèle à son rendez-vous avec l’appel à la prière.

Quand l’âge devient un signe de foi

En ce mois béni de Ramadan, je l’ai peu vue à cause du froid intense au Maroc, et parce qu’elle était un peu malade. Après environ trois semaines sans nouvelles, en la retrouvant par la grâce d’Allah, je lui ai dit avec inquiétude et joie à la fois :
« Salam Alaykoum Khalti Fatima, bi khayr ? Yaki labess ? Moudda ma shouftiksh ! » (Paix sur toi tata Fatima, tout va bien ? Pas de souci ? Ça fait un moment que je ne t’ai pas vue, je m’inquiétais.)

Elle m’a répondu avec ce petit sourire bien à elle, humble et apaisant :
« Al hamdoulillah wildi, chouya… » (Louange à Allah mon enfant, ça va un peu, sous-entendu je suis malade.)

Intrigué, je lui demande doucement : « Malki khalti ? » (Que t’arrive-t-il tata ?)
Elle répond humblement, mais avec belle fierté liée à sa foi :
« 3ayana chouya, wa ken sawm. » (Un peu fatiguée… mais je jeûne !)

Wallah, cette parole m’a profondément touché. À 107 ans, elle jeûne encore ! Allah yahfadhha wa ybarek fiha !

La tendresse d’un café venu de loin

Soudain, elle m’a regardé avec un sourire tendre et m’a demandé avec douceur :
« Brit al qahwa ! » (Je veux du café !)
Elle sait parfaitement que je lui rapporte son café préféré de France, lors de mes voyages. Mon cœur s’est rempli de joie lorsqu’elle m’a exprimé son souhait, confirmant ainsi que ce petit geste lui faisait plaisir.

Ni une ni deux, je rentre à la maison, je monte en courant les étages, je prends le café et je redescends aussitôt, tout essoufflé mais heureux de lui tendre son précieux paquet.

Khalti Fatima Souriante, Recevant Avec Joie Un Paquet De Café Grand-Mère Que Je Lui Offre, Symbole D’affection Et De Respect.

Ses douas : un cadeau du cœur

C’est alors que s’en est suivi un flot émouvant de douas (invocations) de sa part envers moi, mes enfants et toute ma famille. Recevoir ces invocations d’une personne aussi âgée et pieuse est un honneur incomparable, un trésor religieux qui laisse un souvenir précieux et indélébile.

Le respect envers les personnes âgées

D’après Anas Ibn Malik (qu’Allah l’agrée), le Prophète ﷺ a dit :
« Celui qui ne fait pas miséricorde à nos jeunes et ne respecte pas nos personnes âgées ne fait pas partie de nous. »

عن أنس بن مالك رضي الله عنه قال النَّبيّ صلَّى اللهُ عليهِ وسلَّمَ :
« لَيْسَ مِنَّا مَنْ لَمْ يَرْحَمْ صَغِيرَنَا وَلَمْ يُوَقِّرْ كَبِيرَنَا »

(Rapporté par At-Tirmidhi dans ses Sounan n°1919, et authentifié par Cheikh Al-Albani dans sa correction de Sounan At-Tirmidhi)

Un amour du bien qui fait avancer le monde

Lorsque ma belle-mère – رَحِمَهَا ٱللَّٰهُ – était très avancée dans sa maladie, atteinte d’un cancer du pancréas, Khalti Fatima lui a rendu visite à plusieurs reprises.

La distance entre leurs deux maisons n’est pas grande : quatre seuils de porte. Facile pour des jeunes… mais pour une femme âgée de 107 ans, qui avance doucement, aidée de son déambulateur, c’est un effort immense.

Et pourtant, elle y est allée, encore et encore.

Cela en dit long sur la sincérité de son cœur, sur la force du lien islamique (hubb fi Allah), et sur ce que la religion produit dans les âmes quand elle est vécue avec simplicité et vérité.

Lorsque ma belle-mère est décédée – رَحِمَهَا ٱللَّٰهُ – en septembre dernier, Khalti Fatima n’a pas hésité non plus à se rendre aux condoléances. Elle s’est levée, s’est déplacée, malgré son âge, sa fatigue et le froid.

En l’observant ce jour-là, tout dans ses gestes, dans sa présence discrète mais pleine de sens, témoignait de l’amour d’Allah et de Son Messager ﷺ.

Ces gestes sont bel et bien enseignés dans le Coran et la Sounnah du Prophète ﷺ.
Mais ce sont des comportements que peu de gens appliquent réellement aujourd’hui — surtout dans des sociétés où les valeurs communautaires et le service désintéressé se sont perdus.

Khalti Fatima, elle, incarne cette éducation du cœur.
Son comportement est nourri par la foi (imân), la pudeur (hayâ’), la loyauté (wafâ’), et un attachement sincère aux devoirs envers ses sœurs en religion.

C’est cela, aussi, le Maroc profond : un peuple où les gestes ordinaires deviennent des adorations, et où l’amour du bien dépasse les limites de l’âge.

Penser au départ, une douleur silencieuse

Au moment où j’écris ces lignes, je ne sais pas lequel d’entre nous deux rejoindra son Seigneur en premier.

Rien qu’à cette pensée, mes yeux se remplissent de larmes en imaginant ce jour où Khalti Fatima ne sera plus à mes côtés, ou bien où je ne serai plus là pour prendre de ses nouvelles.
Qu’Allah nous réunisse dans Son vaste paradis.

Khalti Fatima : entre dhikr et tendres taquineries

Je connais cette chère voisine essentiellement par sa piété, ses invocations constantes et son doux dhikr. Elle incarne la patience, l’humilité, mais aussi l’amour maternel par excellence.

Ah oui, il faut dire aussi que je la connais par ses petits moments taquins où, parfois l’été, lorsqu’elle souhaite se reposer, elle prend gentiment les ballons des enfants qui jouent trop près d’elle, provoquant les sourires complices de tout le quartier !

L’invocation du Fajr : une vie dédiée à Allah

Enfin, chaque matin à l’heure bénie du Fajr, on ne la voit pas dehors sur le seuil, mais derrière la fenêtre de sa porte, ouverte sur le ciel encore sombre, enveloppée entièrement dans son noble Hayk, ses mains levées humblement vers son Seigneur, implorant Sa grâce, Sa miséricorde et Sa proximité.

Mon invocation pour Khalti Fatima

Qu’Allah préserve Khalti Fatima et fasse durer ces beaux moments de douceur et de foi parmi nous.
Qu’Allah lui accorde une belle fin, qu’elle ne nous laisse que de bons souvenirs, qu’Il lui ouvre les portes du Firdaws al-A’la, et qu’Il lui accorde une entrée au Jannah sans jugement.

Amin.

Prendre la science des grands : une voie de préservation

‘Abdallah Ibn Mas’oud (qu’Allah l’agrée) a dit :
« Les gens ne cesseront d’être dans le bien tant qu’ils prendront la science des grands parmi eux. Lorsqu’ils prendront la science des petits parmi eux et des plus mauvais d’entre eux, ils tomberont dans la perdition. »

عن عبد الله بن مسعود رضي الله عنه قال :
« لا يزالُ الناسُ بخيرٍ ما أخذُوا العلمَ عن أكابرِهم فإذا أخذُوه من أصاغرِهم وشرارِهم هلَكوا »

(Rapporté par Ibn Al-Moubarak et authentifié par Cheikh Al-Albani dans Silsila Sahiha vol.2 p.310)

👉 Cette parole a été expliquée par les savants comme une exhortation à apprendre auprès des savants enracinés, seniors en science et en âge, porteurs de la compréhension correcte du Coran et de la Sunnah.

Qui sont “les grands” (al-akâbir) ?

Dans la parole d’Abdallah Ibn Mas’oud رضي الله عنه :

« Les gens ne cesseront d’être dans le bien tant qu’ils prendront la science des grands parmi eux… »

Les savants ont expliqué que les “grands” (al-akâbir) désignent deux types de personnes complémentaires :

📌 Dans la Dounia : les grands en âge

Ce sont les personnes âgées, reconnues pour leur :

  • 🌿 Maturité
  • 🎯 Stabilité dans leur pratique
  • 🧠 Expérience de la vie
  • 🤲 Sagesse dans les paroles et les conseils
  • 🤍 Humilité et douceur

Honorer ces personnes fait partie de l’adoration d’Allah, comme le Prophète ﷺ l’a dit :
« Faire partie de la vénération d’Allah consiste à honorer le musulman âgé… »
(Rapporté par Abû Dâwûd et authentifié par Al-Albani)

📚 Dans la science : les grands en savoir

Ce sont les savants reconnus pour :

  • Leur maîtrise du Coran et de la Sounnah
  • Leur compréhension selon la voie des Salaf Salih
  • Leur constance dans la droiture
  • Leur prudence dans les jugements
  • Leur éloignement des passions, des extrêmes et des ambiguïtés

Ce sont eux que les gens de la Sounnah considèrent comme les héritiers des Prophètes ﷺ.

✅ Résumé

Les “grands” sont :

  • En âge : ceux qui incarnent la sagesse, la pudeur et la stabilité.
  • En science : les savants fermes sur la vérité, selon la compréhension des Salaf.

S’éloigner d’eux mène à la perdition, comme l’a mis en garde Ibn Mas’oud رضي الله عنه.

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